Exclusif : Au-delà de Faker, découvrez comment le coach de performance de G2 Esports intègre des interventions psychologiques.

La Journée mondiale de la santé mentale est célébrée chaque année le 10 octobre afin de sensibiliser aux problèmes de santé mentale et de promouvoir le bien-être mental à l’échelle mondiale.

Bien qu’Ismael Pedraza soit entraîneur, il n’apparaît jamais sur scène lors des diffusions d’esports. Son rôle en tant qu’entraîneur de performance se déroule en coulisses et remonte encore plus loin, influençant la structure même de l’organisation, devenant ainsi une pièce maîtresse du système de soutien à l’excellence dans le domaine des esports.

Depuis 2023, sous la bannière de G2 Esports, son équipe de League of Legends participe actuellement à Worlds 2024, le championnat du monde le plus prestigieux du MOBA, attirant l’attention de milliers de fans.

Malgré l’enjeu élevé, Ismael est convaincu que la santé mentale des joueurs ne subit pas de transformations radicales, surtout puisque ces derniers ont travaillé sur des « protocoles de base » qui les aident à gérer toutes sortes de compétitions pendant les saisons régulières.

« Ce qui change lors de compétitions internationales comme Worlds, c’est la prise en compte de variables et d’éléments pouvant générer un stress important pour l’équipe, » a déclaré Ismael à ConnecteSport. Il souligne l’importance d’anticiper ces variables et d’équiper les joueurs d’outils pour les gérer, comme étape préparatoire essentielle.

Le rôle des entraîneurs de performance dans les esports

Avant d’entrer dans l’univers des esports, Ismael finalisait son Master en psychologie du sport et de l’exercice, axé sur l’amélioration de la performance. En 2016, un collègue lui a présenté la scène des jeux vidéos, ce qui a suscité son intérêt. L’une de ses premières initiatives a consisté à animer des ateliers pour l’équipe de League of Legends de la Sport University Cologne en Allemagne.

Un an plus tard, en 2017, il a rejoint Misfits Gaming, l’équipe où évoluait alors Steven « Hans Sama » Liv, le bot laner actuel de G2 Esports. Avec Misfits, il a assisté à sa première finale de l’EU LCS et à Worlds en Chine, où ils ont perdu de justesse contre SK Telecom T1, 3-2, lors d’un quart de finale légendaire.

Le titre d’entraîneur de performance est couramment utilisé pour désigner un expert dans des domaines spécifiques tels que la psychologie du sport, la science du sport, la nutrition, et plus encore, explique Ismael. Cette versatilité signifie que les entraîneurs de performance n’ont pas tous les mêmes compétences, mais s’adaptent aux besoins de leur équipe.

Les défis de la performance mentale dans les esports

« En tant qu’expert en psychologie du sport, il est complexe d’évaluer les indicateurs de performance, car il n’est pas facile de mesurer les paramètres mentaux qui influencent directement la performance en jeu des joueurs, » a partagé Ismael.

L’efficacité des interventions mises en place par l’entraîneur est souvent mesurée par la satisfaction des clients et par la réalisation d’objectifs. Lorsque des outils sont utilisés pour suivre des paramètres comme le rythme cardiaque, les évaluations deviennent plus objectives.

Ismael considère que le plus gratifiant dans son travail est de voir les progrès des joueurs et des entraîneurs, témoignant du fait que ses interventions ont un impact positif durable sur leur vie.

La santé mentale dans l’univers des esports

Après son passage chez Misfits Gaming, Ismael a travaillé avec Rogue, Vitality et enfin G2 Esports. Il a constaté un besoin croissant de sensibiliser à ce qu’est la haute performance et à la manière de l’atteindre, afin de créer des processus durables influençant la performance en jeu.

Un point de départ crucial a été la psychoéducation sur des piliers fondamentaux tels que la psychologie, le sommeil et l’exercice. En établissant cette base, il a été possible de développer des outils renforçant progressivement le processus de croissance.

« Les joueurs de l’élite des esports vivent souvent des styles de vie sédentaires, dus à une approche de travail intensif pour devenir meilleurs dans le jeu, » note Ismael. « Il est essentiel de déconstruire cette idée selon laquelle « plus » est toujours mieux. »

Les joueurs professionnels passent énormément de temps en solo queue ou à scrimmer, mais intégrer des stratégies en dehors du jeu peut offrir une approche plus délibérée et efficace pour progresser. C’est pourquoi sa méthode principale repose sur l’éducation, afin d’informer les joueurs qu’il existe d’autres moyens de s’améliorer tout en maintenant un mode de vie qui prolonge leur carrière.

Martin « Yike » Sundelin, le jungler de G2 Esports, a connu un environnement très différent en entrant dans la LEC en 2023, faisant face à des attentes élevées. Ismael a travaillé avec lui sur des techniques de formation mentale et des approches de pleine conscience, lui permettant de pratiquer des outils tels que la visualisation et la gestion de ses émotions.

Avenir de l’entraînement de performance dans les esports

Ismael a constaté que de plus en plus d’organisations d’esports recrutent des experts tels que des entraîneurs de performance pour améliorer la performance. Ces professionnels peuvent non seulement augmenter le rendement individuel et collectif, mais aussi le bien-être général des joueurs. Certains mettent plus l’accent sur la santé mentale, tandis que d’autres adoptent des pratiques bénéfiques de manière indirecte.

G2 Esports a mis en place des stratégies pour soutenir le bien-être de ses joueurs, en développant des protocoles d’exercice quotidien et de méditation, tout en cultivant l’intelligence émotionnelle. Ils ont également instauré des systèmes de suivi rapproché, permettant aux joueurs et au personnel de se connecter quotidiennement.

De plus, G2 Esports participe au « Good Game Project », une initiative de recherche sur la santé mentale cofinancée par l’Union Européenne, visant à mieux comprendre les besoins mentaux des joueurs et à développer des protocoles de soutien.

La Journée mondiale de la santé mentale encourage les discussions autour de la santé mentale, cherche à réduire la stigmatisation et met en avant l’importance des systèmes de soutien. Chaque année, un thème spécifique est défini pour concentrer les efforts sur des aspects particuliers de la santé mentale.